Biographie de Françoise Elie

Françoise Elie résistante déportée (1906- 1968)

Françoise, Jeanne, Marie Quinton est née le 24 septembre 1906, à Fougères, d’un père meunier. Elle fait toute sa scolarité à Fougères et à 16 ans, elle entre comme comptable dans une usine de chaussures. Le 26 avril 1927, elle épouse François Elie et le couple s’installe à Saint-Malo. Ils ouvrent une épicerie et deux ans plus tard ils montent à Rennes et achètent l’épicerie du Carthage, place du Calvaire à l’angle de la Rue de Montfort. François Elie décède en 1939 et Françoise se retrouve, à 33 ans, seule avec ses deux enfants. Durant la seconde guerre mondiale, elle prend une part active dans la résistance, en participant à l’action du réseau Bordeaux-Loupiac, créé par Jean-Claude Camors et dont le responsable régional est André Heurtier, pharmacien à Rennes. Ce réseau est spécialisé dans les filières d’évasion pour les parachutistes et aviateurs anglais et Américains tombés sur sol français. L’épicerie sert de boîte aux lettres du mouvement Défense de la France, qui imprime des journaux du même nom (qui deviendra le 8 novembre 1944, France Soir) et qui est un important service de faux papiers qui servent aux parachutistes. Le magasin sert de lieu de rendez-vous aux nouveaux adhérents. Tous les jours, à l’épicerie, il y a des centaines de journaux, beaucoup de cartes d’identité à remplir, des plans, des ordres de mission avec des croix de Lorraine sous enveloppes à son nom. Françoise est alors appelée « le Prophète ». Le soir en rentrant à son appartement, quai Duguay-Trouin, elle retrouve les parachutistes cachés, et accueille aussi les réunions des chefs de groupe. Par sécurité elle a même été obligée de se séparer de son personnel de maison. Début mai 1944, des membres du réseau, dans d’autres départements, ayant été découverts, il faut déménager des dossiers et du matériel. « Claude », le nouvel agent de liaison, venu cherché des documents quelques temps auparavant, a deux jours de retard sur son rendez-vous, il téléphone et en fixe un nouveau pour le soir même 18 heures. A l’heure prévue, l’on sonne à la porte, des personnes, envoyées par Claude, se présentent. Françoise Elie comprend tout de suite que ce sont des agents de la Gestapo. Des agents des Côtes-du-Nord doivent arriver à tout moment, par tous les moyens Françoise Elie essaie de se défiler, prétextant divers arguments pour sortir, ils l’en empêchent et révèlent très vite leurs identités. Quand la sonnette retentit une nouvelle fois, elle se précipite à la porte, mais l’immeuble est déjà cerné et tout le monde est arrêté. Sachant que le débarquement est imminent, tous pensent que leur détention sera de courte durée. Le lendemain après-midi, une voiture vient la chercher pour l’interrogatoire, aux bureaux de la Gestapo, rue Jules Ferry. A peine arrivée, elle est rouée de coups de pieds et de coups de poings pour lui faire dire l’adresse d’un responsable de son réseau, que pour des raisons de sécurité elle ne connaît pas. Peu après elle est conduite dans une autre pièce où elle rejoint d’autres membres du groupe et le fameux « Claude », qui en voyant l’état où elle se trouve lui demande pardon. C’est à la prison de Jacques Cartier, le 6 juin 1944 à 8 heures, que les prisonniers apprennent que le débarquement a eu lieu. A plusieurs reprises elle doit subir ces interrogatoires musclés, parfois même par des miliciens. De leurs cellules ils suivent l’avancement des alliés, mais le 2 août au matin ils sont prévenus qu’ils vont partir pour une destination inconnue. Dans la journée, le son du canon est de plus en plus proche, à moins de 10 km Des obus tombent sur la prison et malgré la peur, ils reprennent tous espoir et pensent qu’ils ne partiront plus. A 23 heures, c’est la déception, il faut partir, le convoi part en rang cinq par cinq, les jambes trop fatiguées pour s’évader. Que fait la résistance ? Beaucoup d’entre eux, résistants de la première heure, font partie du convoi. Ce convoi va mettre plus d’un mois avant d’arriver en Allemagne, Françoise Elie est déportée au camp de Ravensbrück. Elle parvient à supporter l’horreur des camps de concentrations, reconduite avec d’autres déportées à la frontière suisse, elle est rapatriée à Rennes en Avril 1945, elle ne pèse alors que 38 kg. A son retour très affaiblie, elle retrouve ses deux enfants, reprend son travail à l’épicerie et y reste jusqu’à sa retraite. Françoise Elie décède le 14 juillet 1968, à Rennes à l’âge de 60 ans.

Notice biographique Joël DAVID

Extrait du site : http://memoiredeguerre.free.fr/

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